Tenir la rue : L’autodéfense socialiste —1929-1938
Rédigé
par Matthias Bouchenot (né en 1988), historien et enseignant dans le
secondaire, cet ouvrage inédit est le premier volet d’un triptyque sur
les années 1930 à paraître chez Libertalia. Sa publication sera suivie
par les rééditions de deux grands classiques du mouvement social
français : Fascisme et grand capital, de Daniel Guérin (première édition
Maspero, 1970 ; dernière édition, La Découverte, 2001) ; puis Tout est
possible ! Les « gauchistes français » (1929-1944) de Jean Rabaut
(première et unique édition, Denoël, 1974).
L’histoire
des années 1930 en France est jalonnée par plusieurs dates clés : la
manifestation d’extrême droite à caractère insurrectionnel du 6 février
1934 provoqua une réponse immédiate des partis de gauche, qui décidèrent
de s’allier dans un rassemblement populaire afin de ne pas subir le
sort des partis ouvriers italien et allemand, défaits par le fascisme
mussolinien et le national-socialisme allemand. Ce rassemblement est
passé à la postérité sous le nom de « Front populaire ». Parmi les
autres dates clés, il y eut la gigantesque manifestation unitaire du 14
juillet 1935, puis la victoire électorale du Front populaire, en mai
1936, immédiatement suivie d’un mouvement de grève sans précédent qui
déboucha sur l’obtention, notamment, des congés payés.
Matthias
Bouchenot aborde un angle mort de l’histoire des années 1930 : celle
des groupes d’action et des groupes d’autodéfense de la SFIO,
principalement dans la fédération de la Seine. Embryon d’armée
révolutionnaire pour les uns, simples groupes chargés d’assurer la
sécurité des meetings et des leaders politiques en vue (dont Léon Blum)
pour d’autres, les « Jeunes gardes socialistes » (JGS) et les « Toujours
prêts pour servir » (TPPS) refusaient de laisser la rue aux ligues
d’extrême droite et rêvaient de vivre des lendemains qui chantent.
Incarnant
l’aile gauche de la SFIO, ouverts aux tendances communistes
révolutionnaires (trotskistes, luxemburgistes), parfois proches des
libertaires, les TPPS et les JGS incarnent l’image la plus éloquente du «
Front populaire de combat ».
Le
dernier chapitre, rédigé à partir de sources de première main, relate
la manifestation sanglante du 16 mars 1937, qui vit la police du
ministre socialiste Marx Dormoy protéger une réunion du Parti social
français (ex-Croix-de-feu). Cette manifestation se solda par la mort de
cinq manifestants communistes et socialistes, dont Solange Domangel, une
membre des TPPS.
La
couverture de l’ouvrage n’est pas anodine. Elle reprend un symbole des
années 1930 inventé par le propagandiste Serge Tchakhotine : les trois
flèches dirigées vers le bas. Symbole social-démocrate par excellence,
il était arboré par les militants sur leurs vêtements (vestes et
chemises), sur les drapeaux, sur les pancartes. Chaque flèche a une
signification : l’une s’opposerait au fascisme et au nazisme ; la
deuxième au capitalisme ; la dernière enfin au stalinisme.
http://www.editionslibertalia.com/tenir-la-rue
Source : Redskins Limoges
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