12/02/2009

Collectif LPI, La click

Sortie du nouvel opus lillois du LPI (Le pouvoir des Innocents), ce collectif autoproduit et distribue ces albums à prix libre ou prix gratuit ainsi qu'un fanzine, des videos, des cours d'expression écrite et orale, ..., voici ci dessous leur texte de présentation

Sommaire
Ma click est solide
- c'est pas des potes, c'est ma famille
- mode d'action sur l'espace public
- albums musicaux
- publication
- libre parole
- l'image animé
- savoir faire a transmettre
- hip hop

Site http://lapageinternet2.free.fr

Albums libres et gratuits téléchargeables ici (http://lapageinternet2.free.fr/LPI/LPI%20Gratuit%202008/)

« Ma click est solide »…

Clique (de l’ancien français cliquer, résonner) :
-péjoratif : groupe d’individu(e)s se réunissant pour intriguer ou nuire.
-anthropologique :groupe primaire dont les membres sont liés par des obligations réciproques.

C’est pas des potes, c’est ma famille !

Le Pouvoir des Innocents : un groupe de jeunes gens se réunissant autour d’une passion commune : le hip-hop(1). Le LPI, malgré des motivations individuelles distinctes, se retrouve porteur de messages symbolisant les réflexions d’une génération sur des thèmes contemporains. Fonctionnant sur le modèle du réseau, la clique est constituée de nombreux membres(2) originaires de la métropole lilloise.

La formation de ce collectif en tant que tel rend compte de la volonté d’expression de jeunes individus touchés par des problématiques communes. Loin d’un isolement et d’un repli sur soi, c’est par des actions menées collectivement que chacun va faire face à ses problèmes personnels. Le collectif va progressivement développer une sorte de « thérapie » basée initialement sur l’écriture et l’oralité mais qui va se diversifier progressivement. Cette initiative originale à le mérite d’être totalement auto-gerée et de ne reposer que sur la bonne volonté des participants. Une certaine forme de solidarité apparaît.

(1)Plus particulièrement autour de trois de ses vecteurs : le graffiti, le texte et le chant

(2)Altes, Blondin, Cosh, Daner, Dave, Darwin, Don Masetti, Empir, Fripon, Jabiru, Jezu, Kesti, La Ratur, Le Pix, Logick, Losc, Pecho, Perin, Plume, Sawer, Shado, Topolino, Troll.

Modes d’actions sur l’espace public

Le collectif s’efforce principalement de proposer une alternative à la culture de consommation imposée par le système actuel. Une association malsaine entre musiques et commerce, entre informations et publicité produit des effets pervers multiples qui s’imposent progressivement au sein de la société. En réaction à ses effets, le collectif amorce une réflexion sur le rôle de médiation inhérent à la musique et au journal d’information et s’interroge sur la phase de réception auprès du public. Les questions de la libre diffusion, de la « gratuité » et d’une instruction publique partagée sont au centre des débats.

Albums musicaux

La distribution du premier album éponyme, réalisé en juillet 2004 avec les moyens du bord, reposa ainsi sur l’ensemble des membres du collectif. Distribution à la criée à « prix libre » ou « prix gratuit » sur les places publiques, un album acquis est à graver dans les plus brefs délais et à faire tourner… Ce système de distribution permet un échange direct avec les auditrices et auditeurs, redonne un sens à la parole…et encourage la rupture avec la logique marchande de l’industrie musicale.

Un message a t’il besoin de passer par des structures complexes(1) pour circuler ?

Un double album (réalité-fiction) réalisé en avril 2005, toujours avec les moyens du bord, suit actuellement le même chemin… et il est maintenant possible d’écouter et de télécharger tous les albums ici.

Investir l’espace public dans le soucis de rompre avec toutes logiques marchandes devient une nécessité à l’heure où la culture subit les assauts répétés d’une élite spécialisée dans l’art du conditionnement(2). Le mode de distribution choisit par la clique correspond également à un soucis de mise en pratique d’une réflexion sur la notion de « culture » et d’information accessible pour toutes et tous.

Publications

Dans cette optique, depuis le mois de janvier 2005, une publication à diffusion libre et gratuite, Le Petit Illustré, au contenu diversifié (rubriques à textes, dessins, collages…) commence à circuler(3)…

Les rubriques « j’écris pour vous dire » et « j’ai rencontré ce matin » permettent d’aborder, par le biais de scènes de vie, des problématiques contemporaines diverses. L’idée de dénoncer une situation en partant du quotidien vise à rompre avec la « faitdiversification » médiatique et tend à démontrer que le politique est journalier.

La rubrique « mythologique », en plus d’exposer des modes de pensées divers et variés qui permettent de comprendre le monde autrement, est née de la volonté de rompre avec la pensée occidentale dans laquelle tout doit être rapporté à une logique humaine dotée de rigueur scientifique. Colonisation, étatisation, industrialisation, marchandisation, technologisation, ont tué les mythes, se sont progressivement infiltrés dans les esprits et conduisent bon nombre d’attitudes de par le monde… La réintroduction des mythes est indispensable à une ré-appropriation de l’imaginaire. Cette dernière étant directement liée à la prise en main de nos vies et à l’apparition de nouveaux mythes.

La rubrique « un matin ordinaire » expose des fragments de procès et tente par une ironie amère de dénoncer une justice loin d’être juste.

Les rubriques « dessins », « collage » et « poétique » permettent une expression graphique et littéraire libérée.

Libre parole

La réapropriation de la parole passe par la conquête des espaces publics dans un soucis de développement d’échanges désintéressés mais néanmoins productifs en réflexions, émotions et autres énergies renouvelables(4)… C’est ainsi que la clique s’efforce d’impulser une dynamique visant à créer des rencontres sur les places publiques. Les sessions de Libre Parole Insoumise permettent ainsi à des personnes de se réapproprier la parole devant un public. La parole n’est pas essentiellement verbale et comprend le geste, le corps et tous les artifices que le corps humain est capable de produire(5)… Le peu de moyen mis en œuvre pour le déroulement de ces rassemblements(6) viseà démontrer qu’il est encore possible de se rencontrer et d’échanger en toutes libertés sans pour autant passer par un lieu clos dans lequel on consomme (cafés, salles de concerts…).

L’image animée

Une série de documentaires développant une réflexion sur le mode de fonctionnement du collectif est en cours de réalisation(7). Les Productions Imagées vise à rendre compte de l’esprit du LPI, tout en questionnant progressivement la place de l’image dans nos sociétés…

La réalité est multiple de par la multiplicité des regards qui la décrivent. L’idée de départ était de permettre à chaque membre d’exposer sa vision de la réalité afin de construire une suite logique des réalités vécues et de permettre une mise en perspective future. La volonté de se servir de l’image animée pour exposer des modes d’actions particuliers renvoie à la nécessité de conserver une mémoire des faits, mais également au désir de réaliser un travail sur l’image.

Pour Jean Rouch, la proximité et la continuité donnaient à voir et conduisaient à explorer, à percevoir le sens de la différence et à échanger les points de vue dans la perspective de rendre la parole aux gens filmés. Le dispositif mis en place consiste à présenter régulièrement les images filmées ou montées aux membres dans la perspective de déclencher des réactions qui serviront de points de départs à de nouvelles réflexions. Le processus est infini et permet de rendre compte simultanément de l’évolution du collectif et du film.

Le mode de distribution des films est le même que celui des albums et de la publication de la clique. Les images ne méritent t’elles pas, en effet, une meilleure place sur l’espace public ?

(1)Les chaînes de distribution ne créent-elles pas des ruptures de sens avec l’esprit d’origine de tous produits ?

(2)La clique ne se produit en « concert » que dans des lieux auto-gérés (squats, centres culturels libertaires…) et à l’occasion de manifestations de soutien de luttes bien choisies…

(3)Cette parution irrégulière a le mérite de donner la parole à des personnes qui ne la prennent pas volontiers oralement mais se la réapproprie sur le papier.

(4)La parole est un fait social en voie de modification profonde… Constat amer mais tristement visible au sein des rares espaces publics mis à notre disposition. Confisquée, détournée, bâillonnée, surveillée, la parole voit peu à peu sa substance modifiée. Le principe d’échange gratuit inhérent à la communication a subi une transformation radicale. Converti en échange marchand (Médias de la désinformation, Industrie culturelle (théâtres, cinémas, musiques, peintures, littératures…), Bouffonneries politiques, et nombreux autres espaces pris d’assaut par la monnaie…), la parole glisse tranquillement vers les espaces privatisés, laissant flotter un rapport de domination direct entre l’énonciateur-rice et l’auditeur-rice. Dans un contexte privé, la parole, liée à l’intime, se renvoie trop souvent au sein d’un cercle restreint… Perdant encore sa fonction première d’ouverture sur le monde, la parole est réduite et tourne en rond. Equation directement réalisable entre ces deux espaces : la privatisation des espaces privés (Caméras et police de la pensée à la 1984, police de la population à la folle semence…) sera la suite logique de la privatisation des espaces publics (Logiques marchandes et tristement économique, Surveillance permanente du moindre interstice, Education s’éloignant d’une instruction publique, Publicité omniprésente…)… enfermant la personne dans un monde clos.

(5)La nécessité de brasser les genres renvoie à la rencontre comme préalable au décloisonnement des formes d’expressions.

(6)Collage au préalable avec date, heure et lieu du rassemblement ; Maître de cérémonie en charge de la distribution de la parole (qui disparaît en cours de route pour preuve d’une auto-gestion réalisable !!!)

(7)Le premier volet intitulé « c’est pas des potes, c’est ma famille » est paru en mai 2005.

Savoir-faire à transmettre

La transmission de valeurs et de savoirs faire passe par différents réseaux d’animations pour enfants dans lesquels certains membres sont impliqués. L’idée de glisser un peu d’esprit LPI (La Profonde Inspiration...) dans toutes leurs activités est permanente.

C’est dans cette état d’esprit qu’après avoir organisé un atelier de peinture (Le Pinceau Inspiré) quelques mois auparavant, le collectif organise hebdomadairement une séance d’écriture et de chant avec des jeunes de la medina, LCR du quartier Pont de Bois de Villeneuve d’Ascq depuis septembre 2005. Transmettre un savoir faire et une expérience particulière de l’autonomie est essentielle…et permet de rompre avec les méthodes imposées par l’éducation nationale qui décourage bon nombre d’élèves et favorise l’exclusion. L’écriture et le chant deviennent des moyens d’expressions et contribuent à une logique d’échange nécessaire au développement de liens sociaux.

Hip-Hop

Loin d’un hip-hop fondu dans le capitalisme, le hip-hop pratiqué par le LPI se réapproprie les messages issus des premiers temps forts du mouvement (« Fight the power ! », « Keep it real ! »…) et développe des initiatives diverses et variées… Si la musique véhicule des messages, ce n’est que liée à d’autres actions qu’elle peut devenir source de changement social.

Une image du mouvement hip-hop basée sur la réflexion, éloignée des clichés commerciaux et de la simple consommation de masse émerge progressivement sur les places publiques de la métropole lilloise et d’ailleurs.

Aucun commentaire: