24/11/2008

Tournée de soutien aux antifascistes russes

Entre les 23 et 30 novembre, les antifascistes radicaux moscovites du groupe What We Feel (hardcore) seront en tournée en France. Dans les sept villes où ils joueront, en compagnie d’autres groupes locaux, ils présenteront également la situation de leur pays et la façon dont ils s’engagent au quotidien contre les néonazis en Russie. Malgré sa brève existence (formation en 2005), What We Feel a déjà plusieurs contacts internationaux dans la scène antifasciste radicale, et depuis l’assassinat de Sacha Ryuhin avant un de leurs concerts à Moscou, ils sont conscients du rôle déterminant que joue la scène contre-culturelle dans l’engagement antifasciste en Russie.

Depuis le début des années 90, il y a eu en Russie un fort accroissement de l’activité des néonazis dans la rue, traduite par des violences racistes et fascistes très souvent fatales : 2000 agressions dont 285 soldées par des morts. Pour le début de l’année 2008, le centre Sova [1] a déjà recensé plus de 50 assassinats perpétrés par des militants d’extrême droite ; dans la même période, il y a eu plus de 200 agressions à caractère raciste (sans compter celles qui n’ont pas fait l’objet de plaintes auprès de la police, qui n’hésite pas à collaborer avec les groupes de l’extrême droite la plus violente).

Les militants antifascistes sont, quant à eux, les autres cibles de l’extrême droite : pistés par les fachos, suivis à leur domicile ou sur les lieux où ils militent, ils prennent chaque jour un risque mortel, et plus d’une dizaine d’entre eux ont déjà perdu la vie. Le gouvernement ne semble guère s’inquiéter de la prolifération de cette extrême droite plus ou moins groupusculaire, dont il utilise bien souvent, à la faveur d’une campagne électorale ou d’une guerre sale, la phraséologie et l’imagerie. Pendant les guerres de Tchétchénie, Poutine a fait sien le discours de stigmatisation de l’étranger, de préférence originaire des régions du Caucase ; son régime autoritaire et sa police récusent toute mise en cause, qu’elle vienne des ONG ou de la scène contre-culturelle. Un mouvement antifasciste radical, autonome, lié à cette scène en plein essor, est en train d’émerger dans de nombreuses régions de Russie. C’est un mouvement de jeunesse qui vient renouveler les rangs antifascistes des années 90 ; ses militants, pas toujours organisés, mais dont la politisation est indéniable, font preuve d’un grand dynamisme, et ne sont pas prêts de se laisser récupérer par des organisations contrôlées par l’État russe.

À Paris, Angers, Bordeaux, Toulouse, Saint-Étienne, Dijon et Strasbourg, les membres de What We Feel interviendront pour présenter leur expérience de militants après la projection du DVD réalisé pendant la tournée de Stage Bottles en mai dernier en Russie, puis le concert commencera : la lutte oui, mais la fête aussi ! Il y aura une brochure de présentation, intitulée Antifascistes en Russie aujourd’hui, éditée par No Pasaran et Barricata, et aussi la possibilité de s’informer grâce à une exposition reprenant les points forts pour comprendre ce qui se passe en Russie depuis les années 90. En attendant une tournée du même genre, mais en Russie cette fois-ci…

Solidarité résistance antifasciste (dont fait partie la CNT)

Publié dans LE COMBAT SYNDICALISTE, Mensuel confédéral des syndicats CNT, N° 333 - novembre 2008

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