28/11/2008

Pour que le vent emporte l'OTAN - 3, 4 et 5 avril 2009

Les 3 et 4 avril 2009 les représentants des pays membres de L'OTAN se réuniront de nouveau pour fêter certes leurs 60 ans de domination, mais surtout afin de mettre au point leur nouveau plan de « défense des libertés » et selon les termes de leurs généraux : « une grande stratégie pour un monde incertain »...

L'OTAN ce n'est pas seulement une organisation militaro-impérialiste chargée de faire régner la terreur parmi celles et ceux qui oseraient s'opposer à la domination americano-atlantiste. Ce n'est pas seulement une organisation qui depuis 1999 intervient à l'extérieur des frontières des pays membres pour des raisons soit disant défensives (« Out-of-Area ») ainsi que dans des conflits où aucun pays membre n'est touché (« Out-of-Defence »), apportant la paix et la démocratie à travers le canon d'un fusil et le viseur d'un bombardier.

L'OTAN ce n'est pas seulement des frappes chirurgicales et des dommages collatéraux. Ce n'est pas seulement des massacres de civils comme à Nawabad en Afghanistan ou l'utilisation d'armes interdites par les Conventions de Genève en ex-Yougoslavie (bombes à uranium appauvri et à fragmentation).

L'OTAN ce n'est pas seulement une organisation qui sous couvert d'opérations humanitaires ou de guerre contre le terrorisme, tente d'imposer ses valeurs au prix de destructions et de souffrances qui favorisent l'émergence de résistances et d' ennemis qu'elle prétend combattre par la suite.

L'OTAN aujourd'hui c'est avant tout une organisation politique qui au nom de la « sécurité collective globale » se sert de la guerre et de sa puissance militaire pour défendre et imposer les intérêts (privés) de quelques riches et puissants (occidentaux) au sein de leur mondialisation capitaliste !

Vers une globalisation de la sécurité

Afin d' assurer la sécurité de cette mondialisation et de légitimer l'extension de son rôle d'organisation collective de défense, l'OTAN cherche à amalgamer les concepts de sécurité intérieure et extérieure en mettant en avant d'hypothétiques ennemis et de potentielles sources d'insécurités :

  • Instabilité dans des pays autour de la zone euro-atlantique justifiant le déploiement de soldats sur nos territoires.
  • Afflux de réfugiéEs (politiques, climatiques,...) entrainant un renforcement des frontières.
  • Trafic d'armes ou de technologies nucléaires, biologiques et chimiques.
  • Hacktivistes ou cyber-terroristes.

Quant à la question de savoir dans quelle mesure la politique de l'OTAN ou de ses membres crée elle-même de nouveaux ennemis ou menaces...

Terrorisme politique ou religieux, sabotage, crime organisé, les figures emblématiques de l'ennemi, intérieur ou extérieur, peuvent tout aussi bien être étendu a quiconque ne respecterait pas leurs règles du jeu, y compris les migrantEs, contestataires et autres victimes de leur appropriation des richesses. Le concept d'« i-war » est révélateur de cette dynamique : « toute personne ayant accès à l'Internet est une menace potentielle à surveiller » (déclaration finale du Sommet de Riga, 2006).

Petit à petit, l'OTAN s'est attribué un rôle interventionniste sur un territoire de plus en plus grand. La déclaration finale du sommet des chefs de gouvernement du 22 février 2005 concluait ainsi : « Nous comptons bien renforcer le rôle de l'OTAN en tant que forum de consultation et de coordination entre les Alliés sur les questions stratégiques et politiques, et nous réaffirmons son rôle en tant que forum essentiel de consultation entre l'Europe et l'Amérique du Nord sur les questions de sécurité. » Cette vision rend ainsi obsolète toute distinction entre sécurité intérieure et extérieure.

Un outil international de contrôle des populations

La stabilité de leur model d'organisation ne peut être obtenue qu'au travers d'un contrôle social accru : fichage, rétention de données, contrôle des frontières, surveillance vidéo, drones, biométrie, puces RFID, emprisonnement préventif...

Sous couvert d'assurer la sécurité des populations, ces moyens technologiques visent surtout à prévenir tout type de contestation.

A l'heure actuelle, la lutte anti-terroriste et la collaboration judiciaire sont principalement des tâches de l'Union Européenne. Avec la création prochaine d'un Conseil des ministres de l'intérieur de l'OTAN, les Etats-Unis deviendront un acteur important dans la politique européenne de justice.

Si jusqu'à présent, les pays européens l'abordaient plutôt comme un problème judiciaire et policier, les Etats-Unis, eux, considèrent le terrorisme comme un problème militaire. Développer une ligne commune à ce sujet implique l'intégration d'une vision plus militaire, qui pose encore de nouveaux problèmes en matière de défense des libertés.

Aussi, les avions-radar AWACS de l'OTAN sont désormais utilisés pour la protection des rencontres au sommet et de manifestations sportives et durant le G8 2007 des avions de combats et des troupes au sol ont été utilisés pour contrôler les manifestantEs.

Le concept de sécurité globale défendu par les pays membres permet d'obtenir la docilité sociale et de pousser à une restructuration autoritaire de nos sociétés. Ainsi nous nous retrouvons entraînés sur le chemin du totalitarisme, la suppression de la distinction entre police et armée n'en étant qu'une des étapes !

Le sommet des 3 et 4 avril 2009 à Strasbourg sera non seulement l'occasion pour l’OTAN de confirmer sa position actuelle, mais également de définir les futurs rôles que l’organisation pourrait jouer dans les années à venir.

Une de leur priorités actuelles semble être la gestion des risques liés aux changements climatiques et notamment à la raréfaction des ressources énergétiques.

A qui profite la crise environnementale ?

Sous couvert de participer au défi que représente les changements climatiques pour nos sociétés, l’OTAN entend mettre à disposition ses moyens militaires et technologiques au service d'une sécurisation des ressources naturelles que ses membres s’approprient peu à peu.

Une montée des eaux remettra en question non seulement l’organisation des frontières actuelles et la répartition des populations mais également les voies de circulation des biens et des ressources énergétiques qu’il faudra alors sécuriser à leur avantage.

En effet, l’essentiel reste d’assurer la sécurité de l’approvisionnement en ressources énergétiques nécessaires à la pérennité d’un système fondé sur la sur-consommation.

Aussi les pays membres de l'OTAN ne peuvent permettre aux pays producteurs d'énergie d'utiliser ses ressources comme un moyen de pression politique pour remettre en cause leur suprématie.

Au risque de lourds conflits, ils font d'ors et déjà pression sur les principaux pays producteurs comme la Russie et l’Iran qui assurent entre autres 60% de la production mondiale de gaz.

L’appauvrissement des ressources essentielles (eau potable, terres cultivables, faune, flore et matières premières) et énergétiques occasionnera de nombreux conflits, nul doute que l’OTAN ne manquera pas d’intervenir si ses intérêts sont menacés.

Les pays membres ne semblent accorder que peu d’intérêts à la question des futures victimes de ces bouleversements climatiques si ce n’est en se préparant à renforcer le contrôle des frontières, l’OTAN participant déjà activement au développement militaire de FRONTEX (force armée semi privée en charge de la gestion des frontières extérieures de l’Union Européenne depuis 2005. Elle intervient même en dehors de nos territoires et dispose de camps de retentions dans tout les pays côtiers méditerranéens, sauf l'Algérie), et en les considérant avant tout comme une menace dont il faut se protéger.

En cela l’OTAN ne fait que se préparer militairement à la gestion des conséquences et cherche avant tout les moyens de minimiser au maximum les répercussions et risques que cela représente pour eux. Le problème du changement climatique ne se pose pas en termes écologiques ou sociaux mais uniquement en terme de sécurité, leur propre sécurité.

Les pays membres de l'OTAN participent donc au maintien d'un système qui est la cause même du problème !

En avant pour de nouvelles guerres

Lors du sommet des 3 et 4 avril 2009 à Strasbourg, les pays membres discuteront également de la refonte du fonctionnement interne de l’OTAN. A l'heure actuelle, les décisions sont prises à l'unanimité, ce qui implique qu'un seul pays peut bloquer une décision de l'OTAN. Plusieurs propositions ont été formulées pour permettre une « abstention constructive » ou pour introduire un processus de prise de décision à la majorité. Combinée à un financement commun élargi, une telle modification pourrait signifier qu'un pays devrait participer militairement et financièrement à une opération de guerre de longue durée à laquelle il est opposé…

Le lien transatlantique s'avère être un étranglement qui rend impossible tout autre choix politique. L'OTAN exclu ainsi peu à peu toute source d'opposition politique, passant outre les décisions de l'ONU ou même de la communauté européenne.

Les discussions au Conseil de sécurité sont réduites à un exercice pro forma pour légitimer une décision ou une opération de l'OTAN. Si la Russie ou la Chine, s'y opposent, la tentation est grande d'intervenir unilatéralement dans le cadre de l'OTAN.

L'OTAN représente à ce jour 75% de la puissance militaire mondiale. Les pays exclus de l’OTAN seront confrontés à une alliance militaire qui peut les désigner comme un problème de sécurité et voudront donc être à même de se défendre. Le résultat probable en sera surement une nouvelle course aux armements, nucléaires y compris, et une militarisation à grande échelle des relations internationales.

Du 1er au 5 avril 2009 nous serons donc présents à Strasbourg et nous opposeront à leur « mondialisation par la force » de par la créativité de nos actions résistantes : actions directes, blocages, désobéissances civiles, manifestations, rencontres, débats, village autogéré, centres de convergence, arts autonomes, concerts,...

Parce qu'une « armée » sera toujours synonyme de « mort », et non de « liberté » :

Torpillons l'OTAN !!

Dissent!

Aucun commentaire: