L’EXTRÊME DROITE : ON L’ÉLIMINE OU ON EN CRÈVE
Premier mai 1995 : Brahim Bouaram, pour le seul fait d’être arabe,
est jeté dans la Seine par des skinheads d’extrême droite venus
participer à la manifestation du Front national (ils étaient venus de
Reims dans un car affrété par le parti de Jean-Marie Le Pen). La même
année, un mois plus tard,
le Front national, pour la première fois, emportait la mairie de quatre villes de plus de 30000 habitants…
le Front national, pour la première fois, emportait la mairie de quatre villes de plus de 30000 habitants…
Près de vingt ans après, on nous dit que le FN a changé, qu’il s’est «
dédiabolisé ». On le dit près de mettre la main sur de nombreuses
municipalités aux élections municipales de l’an prochain, sans que cela
n’entraîne de réaction particulière. Marine Le Pen, comme les deux
députes FN Marion Maréchal Le Pen et Gilbert Collard, sont considérés
par les médias et par l’essentiel de la classe politique comme des
personnalités politiques comme les autres. Pourtant, le Front national
utilise les même recettes qu’il y a vingt ans : utiliser la peur de
l’autre (la figure de « l’arabo-musulman») pour canaliser et exacerber
le ressentiment de la population, proposer le nationalisme et ses
avatars (protectionnisme, préférence nationale) comme remède pour sauver
le système capitaliste, faire croire à son intégrité face à une classe
politique corrompue (alors que tous les maires FN se sont retrouvés
devant les tribunaux pour rendre des comptes sur leur utilisation de
l’argent public).
À entendre de nombreux commentateurs de l’actualité politique,
l’extrême droite aurait ainsi pour ainsi dire disparu de la scène
politique, à l’exception de quelques groupuscules sans audience ni
pouvoir de nuisance. Pourtant, et c’est la conséquence logique de la
banalisation du FN dans le champ politique, de nombreux groupes
d’extrême droite prospèrent en mettant en pratique son discours par la
violence : contre les homosexuels, contre les personnes d’origine
étrangère ou contre leurs ennemis politiques, à Lyon à Lille ou à
Besançon, les agressions fascistes se multiplient et gagnent en
intensité (à Toulouse, il y a quelques mois, un antifasciste a failli
perdre la vie).
L’activisme débridé que les milieux militants de la droite dure et de
l’extrême droite manifeste autour de leur lutte contre « le mariage
pour tous » est également un signe de la vigueur nouvelle de ces
mouvements, qui occupent tout l’espace médiatique de la contestation
actuelle, éclipsant par la même occasion les luttes sur lesquels les
militants du mouvement social sont mobilisés (comme celle contre
l’aéroport de Notre-Dame des Landes). Evidemment, cela ne peut que
renforcer en retour l’audience du FN.
Mais dénoncer les exactions des groupes violents et le discours du
Front national ne suffit pas. L’heure n’est plus à la « vigilance »,
mais à la riposte. Il y a aujourd’hui urgence à construire un mouvement
antifasciste pour opposer sur tous les fronts une résistance concrète à
la poussée de l’extrême droite : c’est le sens de notre action
d’aujourd’hui, qui se veut un appel pour les luttes de demain.
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