20/06/2009

Sur les pavés ???

Année après année, le mois de mai confirme son statut de moment fort du calendrier nationaliste en France, avec néanmoins des variations qui ne sont que très largement conjoncturelles. Ainsi le traditionnel défilé en l’honneur de Jeanne d’Arc du FN n’a rassemblé environ que 2000 personnes et les bataillons régionaux étaient squelettiques, signe que les finances sont au plus bas, que ce défilé n’est plus une priorité et que la scission Lang fait sentir ses effets, en particulier chez les vieux cadres du parti. Les effectifs du FNJ étaient cependant tout aussi ridicules et la structure fait bien figure de survivance d’un passé révolu pour le parti. La seule véritable attraction était la présence de Serge "Batskin" Ayoub, qui ne cessait d’étre sollicité par de jeunes fafs, tout émoustillés de se faire prendre en photo avec lui. Il faut dire que la popularité d’Ayoub a bénéficié d’un véritable lifting avec la sortie début 2009 du film "Sur les pavés", production sensée raconter la vie des skins nationalistes en France dans les années 80 mais dont le visionnage rappelle plutôt une oeuvre de propagande à la gloire de l’ancien JNR. Lors de ce défilé, les différents groupuscules nationalistes parisiens, qui d’habitude font l’effort d’assurer une présence minimum, ont, cette fois-ci (une fois n’est pas coutume ?) brillé par leur absence. Le clan Le Pen ne s’est d’ailleurs pas éternisé place Jeanne d’Arc, lieu du discours de Jean-Marie. Sans doute parce que le FN Paris avait prévu, au frais, dans le XVe arrondissement de Paris, un buffet campagnard pour le peu de militants frontistes encore actifs sur la capitale.

Une semaine plus tard, l’extrême droite était de nouveau en ébullition, avec le week-end militant de l’oeuvre Française, prévu les 8, 9 et 10 mai. Ce week-end venait conclure la tournée hexagonale de réunions semi-publiques assurées par l’OF depuis plusieurs mois. Au final, pas de réelles nouveautés, puisque, une fois de plus, les militants et sympathisants de l’OF eurent droit aux discours de Pierre Sidos, Yvan Benedetti, Fabrice « Jérôme » Bourbon (rédacteur en chef adjoint de Rivarol) et André Gandillon (rédacteur en chef de Militant). La seule innovation notable était leur présence officielle aux commémorations du 9 mai, dirigées, cette année, d’une main de fer par Batskin, participation consistant à assister à la messe donnée dans l’église de Saint-Nicolas du Chardonnet (qui a déjà servi, cette année, de QG contre une attaque de militants syndicalistes lors de la mise en place de stands sur le trajet du 1er mai) puis d’assister à un concert dans le XIVe arrdt de Paris. Difficile de tirer un bilan de cette soirée tant les points de vue peuvent varier. Du point de vue de Batskin, c’est indéniablement un succès personnel. Toute la fine fleur du nationalisme français était représentée, de Pierre Vial [1], à Pierre Sidos, de Paul Thore à Hervé Lalin en passant par Cyril Bozonnet. Serge Ayoub peut se targuer d’avoir réussi là où la commémoration avait été l’an passé un retentissant fiasco. La soirée a regroupé plus de 500 militants néo-nazis et le concert a pu se tenir dans une salle paroissiale. Du point de vue des organisations fascistes, seul le Renouveau Français peut également se féliciter du succès de la soirée, ses militants ayant largement assuré la logistique et l’encadrement de la messe, célébration religieuse qui ne peut d’ailleurs que ravir ces tenants de l’idéologie nationaliste et catholique la plus orthodoxe. La présence massive de skinheads néo-nazis montre par ailleurs que ce courant reste fort au sein d’une extrême droite pourtant travaillée par la thématique de la « révolution culturelle » identitaire [2]. Pour autant, pour la première fois depuis 14 ans, les militants fascistes n’auront pas occupé la rue le 9 mai au soir. La volonté du sieur Ayoub d’éviter un nouvel échec qui aurait été peut-être fatal à la mobilisation y est pour beaucoup et cela n’augure rien pour l’année prochaine. La mobilisation antifasciste, aussi imparfaite soit-elle, y est aussi cependant pour quelque chose.

N’en déplaise à certains, les militants et militantes antifascistes du Scalp, de la CNT, de RLF-MLV, de la FA, d’AL, du MQJS et de SUD ont en effet, une fois de plus, uni leurs efforts pour organiser une contre-mobilisation. Celle-ci était placée cette année sous le signe de la mémoire et de l’hommage aux résistants. Plusieurs rendez-vous étaient prévus à cet effet, dont un concert le vendredi soir, organisé par le collectif United Underground et une réunion publique en présence d’un résistant antifranquiste et d’un ancien combattant FTP. Si l’on peut se féliciter du franc succès remporté par le concert donné en soutien aux sans papiers retenus à Vincennes (600 à 700 spectateurs), il est toutefois regrettable qu’une partie du public n’ait pas ressenti le besoin d’assister aux débats du samedi (plus d’une centaine de personnes quand même) et à la manifestation dont le parcours était celui emprunté par les fascistes depuis trois ans.


A noter qu’à la fin de la manifestation, une quinzaine de fafs, passés on ne sait trop comment au travers de l’impressionnant dispositif policier, ont tenté de se frotter au cortège. Ils furent rapidement balayés par le SO et les manifestants. Profitant de l’incident, des policiers en civil tentèrent alors vainement d’interpeller des manifestants antifascistes isolés, mais c’était sans compter sur la réaction rapide du SO de fin de cortège. Cette initiative policière n’est pas sans rappeler la provocation du 1er mai et démontre que certains responsables policiers poussent clairement à l’affrontement « préventif » en espérant ainsi garder la situation sous contrôle. Autant réaffirmer ici que ce ne sont pas les forces du désordre qui nous imposeront leur stratégie…


[1] malgré une belle unité de façade le jour même, Vial s’est fait un malin plaisir dans son compte-rendu du 9 d’allumer les Identitaires et le Renouveau Français pour leur sectarisme !

[2] Cela n’a pas empêché le groupe Hôtel Stella, pseudopode musical du Projet Apache c’est-à-dire des Jeunesses Identitaires d’Ile-de-France, de jouer avec des groupes aussi marqués que Frakass ou Hais et Fiers. Cependant, l’honneur est sauf : Gaetan Bertrand et ses amis ont réussi à empêcher Lemovice de jouer lors de ce concert


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