22/06/2014

"Tenir la rue: L'autodéfense socialiste 1919-1938"

Tenir la rue : L’autodéfense socialiste —1929-1938

Rédigé par Matthias Bouchenot (né en 1988), historien et enseignant dans le secondaire, cet ouvrage inédit est le premier volet d’un triptyque sur les années 1930 à paraître chez Libertalia. Sa publication sera suivie par les rééditions de deux grands classiques du mouvement social français : Fascisme et grand capital, de Daniel Guérin (première édition Maspero, 1970 ; dernière édition, La Découverte, 2001) ; puis Tout est possible ! Les « gauchistes français » (1929-1944) de Jean Rabaut (première et unique édition, Denoël, 1974).



L’histoire des années 1930 en France est jalonnée par plusieurs dates clés : la manifestation d’extrême droite à caractère insurrectionnel du 6 février 1934 provoqua une réponse immédiate des partis de gauche, qui décidèrent de s’allier dans un rassemblement populaire afin de ne pas subir le sort des partis ouvriers italien et allemand, défaits par le fascisme mussolinien et le national-socialisme allemand. Ce rassemblement est passé à la postérité sous le nom de « Front populaire ». Parmi les autres dates clés, il y eut la gigantesque manifestation unitaire du 14 juillet 1935, puis la victoire électorale du Front populaire, en mai 1936, immédiatement suivie d’un mouvement de grève sans précédent qui déboucha sur l’obtention, notamment, des congés payés.

Matthias Bouchenot aborde un angle mort de l’histoire des années 1930 : celle des groupes d’action et des groupes d’autodéfense de la SFIO, principalement dans la fédération de la Seine. Embryon d’armée révolutionnaire pour les uns, simples groupes chargés d’assurer la sécurité des meetings et des leaders politiques en vue (dont Léon Blum) pour d’autres, les « Jeunes gardes socialistes » (JGS) et les « Toujours prêts pour servir » (TPPS) refusaient de laisser la rue aux ligues d’extrême droite et rêvaient de vivre des lendemains qui chantent.
Incarnant l’aile gauche de la SFIO, ouverts aux tendances communistes révolutionnaires (trotskistes, luxemburgistes), parfois proches des libertaires, les TPPS et les JGS incarnent l’image la plus éloquente du « Front populaire de combat ».
Le dernier chapitre, rédigé à partir de sources de première main, relate la manifestation sanglante du 16 mars 1937, qui vit la police du ministre socialiste Marx Dormoy protéger une réunion du Parti social français (ex-Croix-de-feu). Cette manifestation se solda par la mort de cinq manifestants communistes et socialistes, dont Solange Domangel, une membre des TPPS.

La couverture de l’ouvrage n’est pas anodine. Elle reprend un symbole des années 1930 inventé par le propagandiste Serge Tchakhotine : les trois flèches dirigées vers le bas. Symbole social-démocrate par excellence, il était arboré par les militants sur leurs vêtements (vestes et chemises), sur les drapeaux, sur les pancartes. Chaque flèche a une signification : l’une s’opposerait au fascisme et au nazisme ; la deuxième au capitalisme ; la dernière enfin au stalinisme.

http://www.editionslibertalia.com/tenir-la-rue

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